Le 26 janvier 1974, Koïchi Sekiguchi créait à Tokyo, Monchichi, un drôle de petit singe tellement sympathique qu’il a fait le tour de la planète.
En France, c’est la société Ajena qui, à partir de 1979 fabrique et distribue sous licence Sekiguchi cette adorable peluche.
Pour lui donner un nom français et le différencier ainsi de ses congénères d’autres pays, la société Ajena acquiert en 1978 la marque Kiki.
La marque Kiki avait été déposée à l’INPI le 29 octobre 1968 par Claude Ehrlich, également propriétaire de la marque Alfa Paris. Je ne sais pas encore quels jouets étaient vendus sous cette première marque Kiki.
Claude Ehrlich renouvelle la marque Kiki le 12 octobre 1978 auprès de l’INPI et la transmet à la société Ajena qui l’a exploitée pour ce mignon petit singe créé au Japon mais qui pendant quelques années fut fabriqué en France, dans les ateliers de Luché-Pringé dans la Sarthe.
Les tout premiers Kiki mesurent 19 cm (18 ou 20 pour certains catalogues), ont des taches de rousseur, les yeux bleus, le nez noir et ont dans la main droite une sucette ; ils sont vendus un peu moins de 30 F, soit environ 13 € au 27 mars 2019.
Ils ont les deux pieds gravés de 2 vols d’oiseau.
L’étiquette cousue à leur corpsne fait pas mention de sekiguchi. Elle est ainsi rédigée : au recto Kiki®made in France et au verso: normes française de sécurité garanties par Ajena.
Leurs visages sont peints à la main et de petites différences peuvent apparaître dans le tracé des yeux, des tâches de rousseur ou celui des pommettes comme le montrent les photos ci-dessous ; c’est un peu ce qui fait «la personnalité» de chaque Kiki.
Il semblerait que parmi les maquilleuses de nos petit* amis figuraient des détenues de la maison d’arrêt de Rennes.
Edit du 5 janvier 2020 : Il est notamment question de cette participation des détenues de la prison de Rennes à la fabrication de Kiki dans Ouest France du 13 mars 1984.
Au catalogue Euromarché de Noël 1980, le singe Kiki est présenté comme «un drôle d’ami tout petit – 19 cm – peluche, tête, pieds et mains en vinyle – Ajena».
Très vite une douzaine de tenues vendues séparément en boîtes carton sont proposées en magasin ainsi que du mobilier, une tente et un sac de couchage composant le petit monde de Kiki.
Le catalogue 1980-81 d’Ajena propose en plus du Kiki classique de 19 cm : «un drôle d’ami tout petit«, un grand Kiki de 45 cm : «un drôle d’ami qui a grandi«. Ce grand Kiki porte un bandana rouge autour du cou et suce son pouce. Une garde robe a été spécialement conçue pour lui. Kiki est alors vendu en boîte carton avec fenêtre. Dans ce catalogue on trouve également des Kikikit, des petit* bricolages, présentés comme nouveautés.
Voici une demoiselle Kiki de 45 cm, du début des années 80, de fabrication française tout droit sortie des ateliers sarthois d’Ajena :
A partir de 1981, la gamme se développe encore, les prix augmentent sensiblement et sont très variables d’une enseigne à l’autre. On peut désormais acheter Kiki en coffrets divers.
Dans le coffret Kiki star vendu de 125 à 140 F (soit de 48 à 54 € au 27 mars 2019) on trouve un Kiki, une tenue de star, des accessoires et le disque de la chanson de Kikis.
Cette année-là, Petit Kiki entre en scène, il mesure 14 cm, il est vendu 43,50 F (soit 17 € au 27 mars 2019) alors que son frère de 19 cm est vendu 54,50 F (soit 21 €) et celui de 45 cm 195 F (soit 75 €). A partir de 1982, le tout petit Kiki a aussi son petit monde.
La famille Kiki s’agrandit à nouveau au catalogue 1981-82 d’Ajena avec Kiki géant qui mesure 75 cm (80 cm pour d’autres catalogues).
Une tirelire et une lampe de chevet complètent la collection.
Pour Noël 1981, Kiki junior, qui nous indique sur sa boîte en carton être un vrai Kiki, rejoint la famille ; il mesure 28 cm. Comme son frère, plus grand, il suce son pouce.
La marque Coqueval propose en 1983 des dînettes en plastique à l’effigie du désormais célèbre petit singe.
A Noël 1983, la famille s’agrandit. Kiki a retrouvé son papi et sa mamie avec quelques poils blancs comme il se doit. Vendus séparément 125 F pièce, soit 39 € à la fin mars 2019, Papi et Mamie étaient vendus habillés en boîtes carton à fenêtre.
En 1984 la gamme s’étoffe encore avec la série des cousins de Kiki, de drôles de petit* animaux en peluche au visage en vinyle, des jeux de société de toutes sortes, des livres, des sweats et tee-shirts en taille enfant ; la garde-robe de nos petit* amis est elle aussi plus complète.
A partir de 1985, Kiki se fait plus discret ; on le rencontre moins souvent dans les catalogues de jouets.
En 1986 il arbore un nouveau slogan : » le Kiki de tous les Kiki » et nous présente ses frères aux tons pastel ou vifs, les Colori. Nos petit* amis ont encore les yeux bleus mais vraisemblablement plus pour très longtemps.
A partir de la fin des années 80, Kiki est fabriqué en Chine. Les étiquettes cousues au corps des petit* singes indiquent au recto Ajena made in China et au verso CE AJena F Luché Pringé – lavable 30 ° – Washable 30° ©1974 Sekiguchi – Kiki ®.
Le 10 octobre 1988, Ajena renouvelle auprès de l’INPI la marque Kiki. Quelques mois plus tard, en janvier 1989, la société bretonne Nounours rachète la société Ajena. En 1998, la marque Kiki est renouvelée auprès de l’INPI.
Jusqu’à son rachat par le Groupe César en 2005, Nounours a continué de produire Kiki.
Au début des années 90 Kiki était encore vendu sous la marque Ajena, et un peu plus tard directement sous la marque Nounours même si sur l’étiquette cousue à son corps figurait toujours la marque Ajena.
La collection se renouvelle avec des Kiki que l’on peut acheter tout habillés ou même déguisés en animaux en peluche. Pour Noël 1990, Kiki est vendu chez Jouets et compagnie 99 F, soit 23 €. Pour le Noël suivant au BHV, son prix a baissé, il ne coûte pus que 69,90 F, soit 14 € ; en 28 cm il est vendu 105 F (21 €) et 290 F (59 €) en taille 45. Habillé, Kiki coûte 99 F (20 €).
Un Kiki géant aux yeux marrons de 75 à 80 cm est commercialisé au milieu des années 2000.
Ce petit singe tellement attendrissant a été copié à de nombreuses reprises. En 1988, Kiki a même gagné devant la Cour de Cassation contre un imposteur qui cherchait à tromper le public.
Face à cette situation, Ajena a trouvé la parade à partir du milieu des années 80 en gravant le pied gauche de Kiki jusque là tout lisse du slogan «Kiki le vrai«, un peu comme jadis les peluches Alfa-Paris. Son pied droit est resté lisse.
A partir du rachat de Nounours par César en 2005, notre petit singe a porté une étiquette indiquant au recto Kiki 1974 Sekiguchi Co. Ltd et au verso Nounours/Ajena fabriqué par Cesar SA 19, rue des Bretons 93 200 La Plaine St Denis France.
Depuis quelques années déjà, Kiki a disparu des vitrines des magasins de jouets pour rejoindre celles des collectionneurs. Il a été remplacé par Monchhichi, mais comme dirait Titus le petit lion, ça c’est une autre histoire !
Pour en savoir plus : Au printemps 2020, l’équipe de Kiki Planet a rencontré Bernard Meffray, l’ancien dirigeant d’Ajena qui lui a raconté l’histoire de Kiki.